L’après-crise se prépare aujourd’hui

Que nous ayons eu à faire appel ou non au plan de soutien d’urgence déployé face à la crise sanitaire et économique, aucune entreprise ne ressortira indemne.

Cette période de confinement / déconfinement / post-crise est difficile car nous avons réalisé que nous n’étions pas prêts pour prendre des décisions dans l’urgence. Nous ne le sommes pas plus pour planifier une sortie de crise efficace, et cela simultanément sur les fronts économique, sanitaire, managérial, social et même sociétal

Diriger, c’est prévoir

Les entreprises qui auront élaboré et mis en place un audit de situation et des stratégies de sortie de crise, qui auront anticipé les risques liés à la chaîne d’approvisionnement et de continuité des affaires, réussiront à atténuer les conséquences de la crise.

Il convient donc :

  • D’établir dès maintenant un plan d’action pour être prêt dès que l’activité économique repartira.
  • D’être très réactif et agir sur plusieurs fronts à la fois, en module interconnecté.

Tous les services de l’entreprise vont être mis à contribution : production et supports, finance, commercial, marketing, R.H., achat, logistique, juridique. Les interactions et la communication inter-service seront primordiales.

Mobiliser le collectif

Le plan d’action doit être présenté et ressenti comme un projet collectif, et demandera un réel engagement de la part de toute l’entreprise.

Le principal risque est de vouloir relancer la « machine » dans les conditions et pour une finalité exactement identiques à l’avant-crise.

Il est également essentiel de tenir compte de l’état émotionnel des collaborateurs : la peur du chômage technique, d’une fermeture de l’entreprise, des conditions de travail strictes sur site ou perturbantes et énergivores en télétravail.

Réussir sa sortie de crise nécessitera des capacités résilientes pour mobiliser le collectif et faire face efficacement aux changements induits par le crise.

S’il est de la responsabilité de la direction de décider, d’engager, de promouvoir et d’assumer le changement de sens par rupture, rien ne se fera sans communication auprès de chacun des collaborateurs, même individuellement.

Et si cette crise était l’opportunité de donner la parole à ceux qui savent faire, à leur donner les moyens concrets d’innover, de proposer de nouveaux produits ou services, de « dégrossir » une organisation peut-être trop pensante, de donner de l’autonomie pour une plus grande efficacité ?

Une organisation de sortie de crise planifiée

La cellule de crise

La phase de planification est essentielle, à commencer par désigner un groupe d’audit/projet (War room). C’est la colonne vertébrale qui sera chargée de définir les objectifs stratégiques précis, de les piloter, de les ajuster et de les adapter pendant la période de sortie de crise. Pour réussir, il est donc important d’avoir une stratégie claire en mode dynamique. Il est aussi important de communiquer autant en interne avec ses salariés, qu’en externe avec ses fournisseurs, ses clients et partenaires financiers.

Les champs d’intervention

L’angle d’attaque du groupe est multidirectionnel :

  • Vers les clients : en un mot, communiquer pour faire le point, rassurer et renforcer les liens.
  • Avec la trésorerie : évaluer quotidiennement la disponibilité des ressources pour la faisabilité du plan d’action.
  • Grâce aux ressources humaines : planifier (identifier, évaluer, ajuster) les ressources humaines pour la reprise d’activité.
  • Vers les stocks et supply chain : contrôler ses stocks et évaluer dans quelle mesure les fournisseurs peuvent vous suivre. La notion de partenariat prend ici toutes ses lettres de noblesse.
  • Selon les en cours commerciaux : faire un état des lieux complet pour identifier les priorités. Renégocier éventuellement les contrats.

La nécessité de communiquer

Un axe essentiel à la stratégie de relance sera la communication :

  • En interne pour rassurer, fédérer et motiver ses équipes…mais attention : cette transparence nécessite désormais une attitude éthique.
  • Envers ses clients et de manière générale la société civile.
  • Avec ses fournisseurs pour les fidéliser, voire les intégrer à vos projets de relance. Ils auront peut-être des choix à faire en termes de livraison : autant être dans leur liste d’achalandage.
  • Avec les partenaires financiers, en leur donnant les garanties d’un plan d’action concret et adapté.

Un dernier point : n’oubliez pas la concurrence ! Votre stratégie de sortie de crise doit vous permettre d’être présent sur le marché dans la durée.

La maxime de sortie de crise

Si tout ceci ne garantit pas le succès de la reprise, son inobservance la rend encore bien plus hasardeuse.

Si ce programme d’intervention est exhaustif, il n’en reste pas moins ambitieux car il mobilise les ressources humaines de l’entreprise alors que celles-ci sont appelées à être omniprésentes sur le terrain.

Là réside une dernière difficulté : mener vite et bien le projet de reprise d’activités. Il ne faut donc pas hésiter : faites-vous aider. Quelle que soit la taille de votre entreprise, il existe des modes de soutien adaptés à votre situation : conseil, tutorat, formation, partenariat, clubs et associations d’entraide…Ne restez pas seuls face à la sortie de crise.

Auteurs : Joseph Giovanone, Elisabeth Moreau

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